DANIEL CÔTÉ
Le Quotidien
Le 26 février à 20 h, Thomas Dakin Perron et la formation Cure-Pipe fouleront la scène du Côté-Cour de Jonquière afin d’étrenner l’album Le Pire. Devant une salle qui devrait afficher complet, en tenant compte des normes en vigueur, ils interpréteront la plupart des titres figurant sur cet enregistrement, dont l’immense majorité sont écrits en français.
Pour mesurer l’ampleur de ce choix relativement récent, il faut savoir que les trois recueils précédents privilégiaient la langue de Shakespeare. C’était la voie la plus évidente aux yeux de l’auteur et compositeur de toutes les pièces, jusqu’au moment où il a assisté à un spectacle de Robert Charlebois dans le cadre du festival Jonquière en musique.
« Ma vie a changé à cause de ça. Pour moi, Charlebois est maintenant un dieu, au même titre que les Beatles ou le Velvet Underground. Le fait de l’avoir redécouvert m’a incité à écrire en français, tout en assumant que ça pouvait représenter une mise à nu », a expliqué Thomas Dakin Perron à l’occasion d’une entrevue accordée au Progrès.
S’exprimer dans la langue de tous les jours, en effet, enlève le filtre commode que peut constituer l’anglais. C’est encore plus vrai dans le cas de cet artiste qui, depuis ses débuts en 2017, aime déformer sa voix, superposer une couche de flou à ses mots. Cette pratique fait même partie de son processus créatif, laisse-t-il entendre.
« Quand je travaille sur une composition, souvent, je me parle à moi-même. Je ne sais même pas ce que je veux dire. Ça vient du subconscient », fait observer Thomas Dakin Perron. Les versions finales conservent une part de cette opacité, tout en laissant émerger une vision du monde semée de points d’interrogation.
« Il s’agit d’un album réaliste, mais pas négatif, laisse entendre le Jonquiérois. Le mot chercher revient dans chacune des chansons et je me demande, entre autres, pourquoi on court autant. La COVID a montré que le monde était mal organisé, et maintenant je réalise que je ne suis pas le seul à ressentir ça. »
Comme c’est son habitude, il a créé les pièces tout seul, d’abord à Montréal, puis dans un studio aménagé à Jonquière-Nord. Il se trouve dans un vrai garage, d’où le nom du EP, Garage Pop, mis en marché en même temps que Le Pire. « J’avais plein d’affaires qui traînaient depuis longtemps et dont je ne savais pas quoi faire. J’ai profité de ce moment de visibilité pour les sortir », indique l’artiste.
Il réfère à la contribution de Soluté Records, l’étiquette régionale sur laquelle reposent les espoirs de Cure-Pipe. Elle a suscité un buzz suffisamment fort pour justifier la tenue d’une tournée comprenant une douzaine de spectacles, après celui du Côté-Cour. Elle mènera le groupe au Québec et en Ontario, avant des apparitions au Café du Clocher d’Alma, en mai, de même qu’au festival La Noce.
« J’ai hâte. Ce sera l’occasion de gagner du momentum », anticipe Thomas Dakin Perron.
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